Arf !
Qu’il est loin le temps où l’on se foutait joyeusement dessus avec des dizaines et des dizaines de pions !
Cela faisait longtemps que je n’avais pas vraiment joué à un (gros ?) jeu de développement de ce style (gestion et conquête dans un monde plus médiéval que fantastique) et j’avoue que, même si celui-là m’a globalement bien plu, j’ai un petit arrière-goût d’insatisfaction en bouche.
Voici donc le fameux Trône de Fer, de Christian Petersen.
Ici, on joue sur Westeros, un continent (une Angleterre alternative en fait) et chaque joueur possède une famille dont il va devoir faire accroître le pouvoir grâce à ses troupes sur le terrain et certaines mécaniques de jeu particulières.
Pour faire court, après avoir tiré des évènements aléatoires, chaque joueur programme secrètement l’action de ces armées (actions offensives, défensives, d’assaut ou d’imposition disons (implantation royale, ça s’appelle) sur le terrain puis résout celles-ci dans l’ordre du tour. Le but du jeu est d’être le premier à conquérir 7 ou 8 cités ou forteresse (selon le nombre de joueur) ou d’en posséder le plus au bout de 10 tours de jeu.
On a affaire à un jeu de gestion où il faut surveiller de nombreux facteurs : Surveiller son nombre de troupe par région (pour ne pas dépasser les seuils d’approvisionnement) tout en se développant (c’est un peu le but du jeu quand même ! :o) ) et en s’installant sur les territoires (afin d’obtenir les précieuses « couronne » via l’action d’implantation royale).
Comme on possède, au mieux, 3 pions-actions dans chaque type d’action et, au final, une petite douzaine de troupes sur le terrain, il faut avancer avec parcimonie et être le plus efficace et rapide possible : Prendre de l’avance mais pas trop non plus, sinon vos adversaires vont vous tomber dessus et vous mettre rapidement hors de combat. Car, 3 actions offensives maxi, vu le nombre de choses qu’il y a affaire sur le terrain, c’est vraiment très peu ! Et si vos adversaires décident de vous tatanner, vous n’en aurez toujours que trois, d’actions offensives, dans le meilleur des cas, quand eux pourront en avoir six (si vous avez deux adversaires ne face de vous). Bon, il y a bien les diverses actions défensives qui pourront vous aider (défense et soutien) mais sachant qu’en face, on vous harcèlera avec des raids destructeurs : Inutile de vous faire un dessin quant à l’issue d’un tel combat pour vous…
On joue donc en passant des accords purement verbales et se regardant un peu en chien de faïence, grappillant des territoires de ci, de là, tout en surveillant et ses frontières et le développement des autres joueurs et en attendant le meilleur moment pour mener un assaut final surprise afin de courir vers la victoire.
Les règles quoique très longues à leur lecture sont relativement simples et claires à l’usage et une partie est en terme de temps correct pour ce type de jeu (2 à 3 heures). Comme il y a des phases variées (on prépare ses actions, puis on les résout, parfois, on fait des tours d’enchère secret…), il n’y a pas trop de quoi s’ennuyer.
La seule chose qui me gêne un peu, c’est que je n’ai pas ressenti le coté épique dont ce type de jeu devrait à mon humble avis surabonder ! On déplace des armées sur le terrain mais trois maximum : Quand on en a une dizaine sur le terrain, cela fait un peu ridicule. On possède des cartes de combat, mais l’effet n’est pas aussi énorme que ça (alors que les cartes mettent en scène des éminences royales de la famille). Il n’y a pas de grosses pertes dans un combat (un ou deux pions, rarement plus) ; En même temps, cela serait malvenu vu que les joueurs n’en possèdent au final qu’un petit nombre (je dirais une vingtaine à la louche, bateau compris).
Bref, même si Trône de Fer est un agréable et bon jeu de développement et de gestion, il manque du fameux souffle épique capable de tirer les joueurs vers le haut. Peut-être que je manque encore de recul (pas assez de parties jouées) mais ce jeu me donne l’impression de vouloir faire du gros avec relativement peu. Cette sensation s’avère au final un poil agaçante, quand on imagine ce qu’il aurait pu advenir de ce jeu avec plus d’armées, une carte permettant plus de possibilité… mais bon.
De plus, je n’ai joué qu’à 3, ce qui n’est peut-être pas la config idéale, mais je n’ose même pas penser à ce que peut donner une partie à 4 ou plus, tant l’étroitesse de Westeros ne me présage rien de bon… ça, pour bouger, ça va bouger mais l’on risque d’être très loin des grosses offensives de nos bons vieux wargames et autres consorts : Là, pas de droit à l’erreur possible…
Bon, n’en jetons pas plus : Trône de Fer reste malgré tout un agréable jeu de conquête, avec un bon potentiel ludique (jouabilité, renouvellement des parties, originalité) quand même…
Trône de Fer est un jeu pour 3 à 5 joueurs (voire plus avec les extensions) de Christian T. Petersen, inspiré par la saga du Trône de fer écrite par George R.R. Martin.